L'attente et le temps

L'attente.

Un mot bien singulier. C'est le mot qui illustre sans doute mon quotidien de bébé-auteur pour reprendre l'expression de Jo Ann et de Dame Syven (à l'origine du concept !). En ce moment, je suis en pleine phase d'attente et cela n'est guère facile au quotidien.

Non content de prendre le temps d'écrire un roman, de le corriger, de préparer son dossier d'envoi, de travailler sur le syno du tome suivant puisqu'il s'agit d'un dyptique, il faut ensuite trouver le courage d'appuyer sur "Enter" au moment fatidique.

Evidemment, ce n'est pas là le plus difficile. Certes, le temps accordé à toutes ces tâches est étrangement long mais ce n'est rien en comparaison de ce qui attend l'auteur une fois que son projet vogue vers l'édition.

Là, s'armer de patience est une absolue nécessité. Je dirais même qu'il doit venir votre moto, votre phrase  préférée, celle avec laquelle on se couche et celle qui rythme votre journée.

Pourquoi ?

Pour ne pas sombrer dans une certaine folie du "je-vérifie-mes-mails-toutes-les-trois-secondes".

Ah évidemment, on le fait. Je le fais. Souvent. Je vérifie mes mails tous les jours mais comme il s'agit d'une adresse professionnelle, je reçois des mails régulièrement. Du coup, j'ai généralement le cœur qui bat la chamade quand je découvre le nombre de mails dans ma boîte. Je me dis alors qu'il est possible qu'une réponse se trouve parmi eux.

De la patience, donc. C'est un fait. Mais ce n'est pas tout.

Avoir l'énergie d'envoyer un projet, c'est bien. Se perdre dans les méandres de l'attente, quand on sait que l'espace-temps d'un éditeur est bien différent du nôtre, c'est dur à encaisser. Donc, il faut se consacrer à autre chose. Reporter son attention sur une toute autre activité qui permettra à bébé-auteur de mieux appréhender le temps qui passe et d'enfin se dire : "ah ben tiens, ça fait trois mois que j'ai envoyé mon roman. Finalement, ça passe vite".

Oui, mais pourquoi ça passe vite ?

Parce que pour ma part, j'ai choisi de prendre exemples sur mes copines auteurs et comme elles, de me focaliser sur d'autres projets.

Il est évident que ruiner son temps dans cette fameuse attente est dommageable quand on sait qu'on pourrait le passer à faire bien mieux. Et de fait. J'ai donc appliqué le précepte du "on se diversifie et on écrit".

Autrement dit, j'ai lancé un projet neuf tout en ressortant un autre du tiroir. Un projet jeunesse, une série que je destine à un public dès 10 ans et qui m'a toujours fait de l'œil. Parallèlement, je bosse sur un autre projet d'envergure. Un projet ambitieux. Pas parce qu'il sera un best-seller. Non, du tout. Je dis ambitieux car c'est la première fois que je me lance dans une thématique historique (la seconde guerre mondiale) en abordant aussi les voyages temporels. Autant dire que c'est quelque chose qui me prendra du temps.

Cela me permet d'avancer avec davantage de sérénité. Bien entendu, cela n'élimine pas la source d'angoisse que génère l'envoi des tapuscrits mais ça m'occupe, ça me force à garder mon énergie sur quelque chose de tangible et de palpable. Sur quelque chose de réel tandis que le temps passe.

Voilà, c'était ma réflexion des ces derniers jours.