lundi 5 mars 2012

Nadia Coste est sur le grill !

Je vous l'avais dit il  y a quelques jours, je reçois dès aujourd'hui des invités en ces lieux. Aujourd'hui, j'ai invité Nadia Coste à partager quelques mignardises et un verre de nénuphou.




Je l'attends d'un instant à l'autre. Ah ben tiens, la voilà  qui arrive !



-  Salut Nadia ! Comment vas-tu ?

Très bien, merci !

- Tu es l’heureuse auteure d’une quadrilogie, les Fedeylins, parus et à paraître chez Gründ. Le troisième tome de ta saga va d’ailleurs partir à la rencontre du public mi-mars. Quel regard poses-tu aujourd’hui sur cette belle aventure ?

C’est à la fois extraordinaire et très naturel. Extraordinaire, car je me rends compte chaque jour de ma chance. Je croise des lecteurs et leurs impressions me touchent : cette histoire existe dans leur esprit maintenant, et c’est incroyable ! Pourtant, tout cela me semble aussi très naturel : c’est l’aboutissement d’années de travail. Je ne suis pas là complètement par hasard !
 
-  Pourquoi avoir choisi un tel décor et des personnages si uniques pour ce projet ?

Après deux romans écrits comme des exercices, pour me prouver que je pouvais mener une histoire de bout en bout, créer des personnages, etc. J’ai cherché le projet qui méritait d’y passer des années, celui que je voulais conduire jusqu’à un processus éditorial. J’avais envie de travailler autour du destin, de prendre le contre-pied du cliché du « héros au destin formidable, élu de la prophétie qui doit tuer le grand méchant », je me suis demandé ce qui se passerait si, au lieu d’un héros au destin incroyable au milieu d’une masse d’individus quelconques, on faisait l’inverse : et si tout le monde avait un destin, sauf une personne ? Quelle serait son histoire ?

J’ai donc commencé mes recherches dans ce sens. En creusant autour du destin, j’ai découvert que l’origine latine, fatum, avait également donné le mot « fée », il m’a semblé trouver une piste intéressante ! D’autres réflexions, sur la place des hommes en tant que reproducteurs dans notre société, m’ont fait pencher pour un personnage principal qui serait un « garçon-fée » mais le masculin (fé) ne me plaisait pas… les fedeylins sont donc nés peu à peu !

Leur environnement et les peuples qui vivent autour d’eux se sont imbriqués naturellement dans le projet au cours de l’année préparatoire où j’ai créé l’univers, la culture fedeylin, les personnages et le détail des quatre tomes.

- Honnêtement, je ne savais à quoi m’attendre quand je t’ai lu pour la première fois. J’ai été plus qu’agréablement surprise.  À vrai dire, je me suis laissé complètement emporter par ton univers. T’attendais-tu à un tel accueil, un tel succès pour  Cahyl et ses compagnons ?

J’ai commencé à me douter de quelque chose au cours de mon cycle de bêta-lecture CoCyclics. Lors du passage en phase III, l’auteur choisit entre les bêta-lecteurs qui se portent volontaires… j’ai été très surprise (et heureuse !) du nombre de volontaires motivés pour m’aider ! D’autant qu’à l’époque, les deux premiers tomes étaient regroupés, et il y avait près d’un million de signes à bêta-lire ! Je ne m’attendais pas à un tel enthousiasme. 

Lorsque le roman a été publié, j’ai tout de même douté de l’accueil du grand public… jusqu’aux premiers retours (positifs !) des lecteurs. Depuis, je savoure !

-  Ce n’est plus un secret à présent, mais ton actualité sera bien chargée pour 2012 et 2013. Pas trop compliqué de mener tout de front ?

Ah ! Je mentirais en disant que c’est facile ! Il faut beaucoup d’organisation, un peu d’aide, et le soutien de la famille… mais une fois le rythme prit, ça va. J’apprends aussi à jongler entre différents romans (les corrections de l’un, le premier jet de l’autre, etc.).

Je considère l’écriture comme un travail, donc je me donne des horaires précis et je les respecte, pour moi, c’est la seule façon d’avancer régulièrement. Jusqu’à l’année dernière, cela me faisait donc des doubles journées avec mon « vrai » travail… triple en comptant les enfants ! Mais avec l’arrivée de ma petite dernière, je vais pouvoir bénéficier d’un congé parental, et donc pouvoir me concentrer sur mes enfants… et mes romans !

- Justement, comment t’organises-tu au quotidien ? Parviens-tu à travailler sur plusieurs projets à la fois tout en répondant aux exigences du travail éditorial ? Dis-nous tout, Nadia !

Je vis quelques mois un peu anarchiques, le temps de prendre le rythme de mon bébé ! Mais d’une manière générale, je travaille par phases (en jours, en semaines ou en mois selon le cas). Par exemple, je peux travailler deux ou trois semaines sur des corrections de Fedeylins, puis passer la semaine suivante sur « Les yeux de l’aigle » (ma prochaine trilogie à paraître chez Gründ à destination des enfants à partir de 8 ans). J’ai du mal à travailler sur différentes histoires au cours de la même journée, je préfère bien tout dissocier. Et, comme je n’arrive pas vraiment à lire en même temps que j’écris ou que je corrige (sinon, le style de l’auteur m’influence beaucoup), et bien je m’octroie des phases de lecture intensive où je fais descendre la Pile à Lire ! Ça a aussi un intérêt : laisser reposer mes écrits pour les reprendre avec un œil neuf quelques jours plus tard.

Je passe au moins 2 heures par jour sur mes écrits. Je me souviens d’une époque où j’arrivais à travailler jusqu’à 6 heures par jour : c’était le bonheur d’avancer autant, de rester plongée dans l’histoire et l’ambiance… J’espère pouvoir retrouver ce rythme bientôt !

- Je crois savoir que pour ton tome 1, Les rives du monde, est passé en cycle chez CoCyclics. En quoi cela t’a-t-il aidé ? Quelle influence le fait d’être passée à la loupe de cette manière a-t-il eu sur la suite de ton travail d’écriture ?

Pour faire simple, je dirais que sans ce cycle, je n’aurais pas été publiée car j’étais très loin d’avoir le niveau. Ou alors peut-être dans 10 ans ! Cela m’a fait gagner du temps pour comprendre des mécanismes d’écriture que j’aurais – sans doute – découvert seule à force de travailler. 

Quand j’ai découvert CoCyclics, j’ai plus progressé en 3 semaines sur le forum qu’en 3 ans à écrire toute seule dans mon coin. Très vite, j’ai compris que je commettais énormément d’erreurs de débutant et j’ai beaucoup appris. On m’a donné des clefs pour retravailler seule, alors que je pensais être allée au bout de ce que je pouvais faire sur mon texte.

J’avais envoyé le tome 1 aux éditeurs avant de connaître CoCyclics. À l’époque, il s’agissait de la version 3. Après quelques mois passés chez les grenouilles, j’avais corrigé plusieurs fois le manuscrit pour arriver à une version 6… après le cycle, j’en étais à la version 8, et c’est celle-ci qui a été (très vite) acceptée chez Gründ. Je me souviens avoir trouvé la version 6 illisible ! Pas étonnant que la 3 n’était pas au niveau pour être éditée !

Sur le long terme, cela m’aide aussi. A présent, je repère plus vite mes propres tics d’écriture, mes erreurs récurrentes et, même si je n’écris toujours pas de premier jet parfait, au moins, je gagne quelques versions !

- En tant qu’auteur, ton esprit foisonne, tu inventes, crées. N’as-tu jamais eu peur que cela ne dure qu’un temps et qu’un jour, tu sois confrontée au syndrome de la page blanche ?

Après toutes ces années à travailler sur les Fedeylins, j’ai eu peur de ne pas retrouver la même envie ni la même passion… jusqu’au jour où une autre histoire à commencé à germer ! Je suis quelqu’un qui ne fonctionne pas vraiment à l’inspiration : je vais chercher les histoires sans attendre qu’elles me tombent dessus. Depuis que j’ai compris ça, je n’ai plus peur de la page blanche.

Et, à vrai dire, en ce moment, j’ai une liste de romans qui attendent d’être écrits suffisamment longue pour m’occuper quelques années !

- Après avoir discuté avec certains auteurs, il apparait que, parfois, la SFFF est encore reléguée au second plan, voire même dénigrée. T’es-tu déjà heurtée à ce type de préjugés ou d’opinions tranchées ?

Bien sûr ! Il y a par exemple les mamans qui achètent pour leur fille en levant les yeux au ciel, désespérées qu’elle ne lise que « ça » et qui aimeraient qu’elle passe « à quelque chose de plus sérieux » ! (j’essaye de leur expliquer qu’on peut devenir des adultes très bien en lisant de la SFFF ^^). Mais, finalement, avec les succès au cinéma qui surfent sur l’imaginaire, les gens s’ouvrent peu à peu (ou, disons, sont moins hostiles). Le problème inverse, c’est que, du coup, beaucoup de lecteurs se disent qu’une adaptation au cinéma est une suite logique pour un roman ^^. 

Les personnes réfractaires à la SFFF que j’ai pu rencontrer sont souvent des lecteurs d’un seul genre (par exemple ils ne lisent que des policiers, le dernier Untel, ou uniquement des biographies-témoignages… voire ne lisent pas du tout !). Ceux qui vont piocher dans différents genres sont plus curieux, plus ouverts, et il suffit qu’ils tombent sur un bon livre de SFFF pour que leurs aprioris disparaissent.

 - Une dernière question, Nadia. Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute dans le monde de l’édition ?

Je citerai la devise de ma famille : « Travaille et persévère ! ».
Et, pour ceux qui ont du mal à s’y mettre régulièrement : « Travaille aujourd’hui, tu procrastineras demain ! » (ça, c’est de moi ^^)
Sans oublier le conseil le plus important : faites-vous relire !

 Un grand merci à Nadia pour son temps, ses réponses. Souhaitons-lui bonne chance pour la suite, et surtout, gardons un oeil sur elle, c'est une auteure dont nous entendrons encore beaucoup parler !

4 commentaires:

  1. Merci pour cet intéressant partage d'expérience !

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  2. C'est malin ! Ca me donne envie de le lire maintenant !
    En tout cas, le témoignage est vraiment intéressant.

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