mardi 13 mai 2014

Cachez cette critique que je ne saurais lire !

Nombreux sont ceux qui sur la blogosphère lisent et postent des critiques dans la foulée sur les ouvrages qu'ils ont dévoré ou ont eu du mal à terminer.
Pour ma part, je fais plus ou moins la même chose. Je dis plus ou moins, car jusqu'il y a quelques mois, je ne publiais sur mon blog que certaines critiques. Je m'explique.

Avant, j'avais pris la décision de ne publier sur mon blog que des critiques de livres que j'avais aimé ou du moins apprécié en majeure partie. Autrement dit, pas de critiques négatives. Surtout pas de vilipendage ou de mise au pilori ! Néanmoins, j'avoue que parmi tous les livres que j'ai lus, certains ne m'ont pas plus du tout. Et je crois que cela respecte l'adage du "les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas". Après tout, ainsi tourne le monde.
En revanche, parmi tous ceux lus, il y en a que j'ai eu énormément de mal à chroniquer pour la simple raison que je n'avais pas aimé les bouquins, voire pas du tout accroché. 

Jusque là me direz-vous, point de problème. Tout va bien. Mais... il y a bel et bien un souci. Et celui-ci réside dans l'art de chroniquer dans son premier sens : rendre un avis subjectif. 

Je ne suis pas critique littéraire, je suis une modeste blogueuse. Je lis, je publie un avis sur mon blog et généralement je le copie-colle sur Babélio dans une forme plus courte ou plus édulcorée parfois, je passe certains détails si je connais l'auteure personnellement ou d'autres informations qui ne sont pas d'utilité publique sur ledit site. Qu'à cela ne tienne, je partage donc mon opinion la plus personnelle. 

Là où cela engendre un problème en soi est quand la critique passe la frontière du privé et devient, par la force des choses et du web, publique. Là, on entre dans une sphère totalement différente et pour faire un parallélisme parlant, j'utiliserai la métaphore de Molière et son modifié et titre de cet article, "Cachez cette critique que je ne saurais lire". 


Ou encore celle de l'arène. 


Une fois entré dans celle-ci, si vous ne faites pas ce que l'on attend de vous, une partie du public se retourne contre vous. Ainsi, donc, en n'agissant pas comme un mouton ou en brossant l'adversaire dans le sens du poil, on devient l'ennemi public numéro un, l'opposant, celui (ou celle) à abattre.

C'est sans doute un portrait noir et sombre du jeu de la critique que je dresse mais pour avoir assisté à certains pugilats en règle sur les réseaux sociaux, je confirme que le petit monde du blog peut devenir le théâtre de règlements de compte en bonne et due forme.
Arrêt sur image.

Le lecteur A lit le livre de l'auteur X. 
Il n'aime pas. 
Dans la critique qu'il poste sur son blog, il reste courtois, respectueux mais signale que le livre n'est pas top, pour lui, évidemment. Il ne remet pas en cause le talent de l'auteur mais s'étonne de certaines choses ou de certains points de l'intrigue qui lui semblent incohérents. 

Cette situation est des plus banales. Et pourtant. Elle peut prendre une tournure particulièrement surprenante, acerbe dans ses plus mauvais travers et donner une image des auteurs et des lecteurs singulièrement mauvaises voire biaisées.
Parce que bien évidemment, la situation ne s'arrête pas à la chronique postée sur le blog de Lecteur A. Non. Elle se poursuit dans un tout autre registre.

Le Lecteur A a posté sa critique depuis quelques instants. Il partage son nouvel article sur les réseaux sociaux.
L'article remonte jusqu'à l'auteur. 
Les fans de l'auteur s'en mêlent. Ils portent en victime le pauvre auteur dont le livre n'a pas plu à ce lecteur.

Le pugilat commence.

Diantre ! Mais ce lecteur, qui est-il pour ainsi critiquer le génie de cet auteur ? Pour qui se prend-il ? Comment ose-t-il ainsi remettre en question l'ouvrage, l'intrigue, etc ? Qui l'autorise ? 
Lui.
Tout simplement parce qu'il a acheté ce livre ou qu'on le lui a donné pour qu'il le critique. 


Alors, oui, cela peut ne pas plaire à l'auteur, ni même à ses aficionados. Cela arrive. Et c'est souvent ce que ces mêmes aficionados oublient aussi. Le lecteur achète parce que la couverture lui plait, le quatrième de couverture lui plait ou qu'il connait l'auteur... bref, il achète le livre parce qu'il le veut. Quand il l'achète bien entendu. Quand il s'agit d'un partenariat ou d'un échange livre contre critique, c'est sans doute un peu différent. Et quand bien même. A chaque fois que quelqu'un ouvre un livre, il a de fait le droit même de ne pas l'aimer voire de le détester. Et même si j'avoue être partisane aussi de l'aspect respectueux de chaque critique - et j'y mets un point d'honneur - le fait de critiquer est l'apanage de chaque lecteur, de chaque regard qui se pose sur les lignes d'un auteur. Et c'est son droit le plus strict. Qu'il aime ou non votre ouvrage, qu'il le dise ou non, il reste maître de son achat et donc, de son avis. 

Et qu'importe le fait qu'il n'ait pas aimé. Bon, c'est vrai que c'est mieux s'il aime mais bon. Il faut de tout pour faire un monde, n'est-ce pas ? 

Ce qui est préjudiciable dans ces situations, c'est la manière dont les autres réagissent. Ils s'érigent en défenseurs aveugles d'un auteur qui pourraient avoir fléchi à un moment donné ou simplement qui n'aurait pas réuni son lectorat habituel. Et ainsi se dresse le tabou du "Doit-on tout dire ? " ou encore "A quel prix peut-on dire ce qu'on pense ?" sans peur de blesser l'autre ou de se voir ciblé comme l'ennemi, celui qui n'a pas compris le génie de l'auteur. Dans ce cas précis, c'est particulièrement dramatique car les échauffourées sont rapides et les tensions plus que vives. Sans oublier les nombreux dérapages que parfois les auteurs doivent eux-mêmes gérer sur leurs pages. Ce n'est pas leur rôle et il n'appartient pas non plus aux lecteurs de juger de la pertinence de l'avis d'un autre lecture, voire de le porter en coupable avéré parce qu'il a osé dire qu'il n'avait pas aimé.

Bien entendu, cet avis est subjectif. Il m'est personnel car je me suis déjà vue critiquée (quelle ironie !) parce que je n'avais pas aimé tel ou tel livre. Je n'ai jamais connu l'insulte mais j'ai pu lire par le passé des discussions où le lecteur se voyait cloué au pilori par d'autres fans. 

Dans quelques mois, je passerai moi aussi de l'autre côté de la barrière. Je deviendrai un auteur publié. Un jeune auteur, évidemment mais un auteur malgré tout. Moi aussi alors je me heurterai à la critique. Et j'adopterai sans doute le comportement que certains de mes pairs adoptent aussi, à savoir, lire les critiques positives et laisser les autres de côté, ne pas s'enflammer si quelqu'un me juge incompétente ou inapte à écrire. Chacun son avis. Ce sera sans doute dur au début mais après tout, il faut de tout pour faire un monde.


12 commentaires:

  1. Hello !
    J'avoue ne pas avoir hâte de connaître un jour la critique négative. Sur les textes que je publie gratuitement sur mon blog, il n'y en a que des positives, mais j'imagine que c'est parceque les négatives se contente de "passer leur chemin". ^^

    Je ne leur en voudrais pas, cela dit, de poster des critiques négatives. L'important, c'est que ce soit constructif et respectueux, n'est-ce pas?

    Bonne soirée.

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    1. Tout à fait d'accord. Cependant, force est de constater que tous ne le perçoivent pas de la sorte. J'ai déjà eu des critiques négatives, étayées ou non mais certaines peuvent être blessantes, c'est vrai. Je me suis toujours dit qu'il valait mieux ne pas répondre, prendre ce qui valait la peine et laisser ce qui ne l'est pas. Chacun est libre de poster son avis mais c'est vrai que le respect est essentiel ;-)

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  2. Dur le statut de blogueur, pas simple de trouver les mots. Pas facile non plus celui d'auteur critiqué. Et quand ça tourne au pugilat c'est pas joli-joli. Quelle vie !! :o)

    Plus sérieusement félicitations pour ta publication et je te souhaite des critiques respectueuses et constructives :-)

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    1. C'est vrai ! Le pire, c'est que justement parfois, on arrive même pas à se faire entendre tellement on est noyé par la masse du "oh mon dieu, il n'a pas compris son génie !". ^^
      Et merci ;-)

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  3. J'ai lu il y a quelques mois l'avis d'un auteur publié, qui a choisit de n'écrire aucune critique sur son blog pour ne pas se mettre en porte-à-faux vis à vis des éditeurs qui ne sauraient pas relativiser, pour ne pas être "juge et partie".
    http://lioneldavoust.com/2012/annonce-de-service-je-ne-chronique-pas-de-litterature-de-fiction/

    Je me suis longtemps posé la question moi même, souhaitant entrer dans le métier, et suis arrivé à la même conclusion : ne parler que de ce que j'aime (mais je ne m'y suis pas encore mis).

    Je te souhaite de n'avoir que des critiques intelligentes, et une majorité de positives.

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    1. Ma foi, j'en aurai sans nul doute des négatives. Ainsi va la vie. J'ose espérer que certaines pourront m'aider à m'améliorer encore plus !
      Merci pour ton passage Cédric !

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  4. Personnellement, je ne me cache jamais quand je n'ai pas aimé. La critique négative est elle aussi constructive, ce que les bons auteurs arrivent à accepter mais à une condition. Pour ma part, je ne descendrai pas gratuitement parce que un ouvrage peut ne pas me plaire alors qu'il est mis en avant de partout. Aussi quand je parle négativement d'un roman, j'insiste sur le "pour MOI" car mon ressenti négatif n'engage que moi et moi seule. Enfin , le 'c'est mauvais parce que je n aime pas" ne m'intéresse pas .... par contre je n'ai pas aimé parce que est utile à tous ... à l'auteur qui si il voit ce genre de crititques revenir se posera des questions, au lecteur qui affine ses choix. :)

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    1. Exactement ma pensée également. Du moment que c'est fait dans le respect, ça peut passer. Après l'ego de l'auteur, ça c'est une autre histoire. Ce qui est dommage c'est la réaction des autres face à ces lecteurs qui n'ont pas aimé et l'expliquent. C'est plus préjudiciable à mon sens. Et merci pour ton mot So !

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  5. Pour ma part, j'ai choisi de ne plus chroniquer depuis que j'écris "sérieusement" (conflit d'intérêt, manque de temps) et de ne pas lire les critiques de mes livres, positives ou négatives (ça m'évite de me prendre la tête). Je m'interdis même de répondre aux chroniques des copains et/ou des gens que je suis, pour ne pas spammer un avis qui n'est selon moi pas destiné à l'auteur mais aux autres lecteurs. Sinon je suis d'accord avec ton analyse sur les chroniques négatives - je sais par exemple que j'ai déjà lu des bouquins suite à certaines chroniques négatives, parce que je savais que ce que le critique n'avait pas aimé avait au contraire des chances de me plaire à moi - et inversement pour les positives.

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    1. Oui, c'est exactement ça. C'est vrai que chroniquer ça prend du temps. Et puis, avec tout ce que tu écris, Anne, je comprends que tu préfères te concentrer sur autre chose (surtout quand on a déjà un quotidien bien chargé et qu'on ne possède pas de retourneur de temps!). Merci pour ton message !

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  6. Je pense qu’effectivement il est essentiel pour un auteur de se détacher des critiques. Le jour où j’aurai le bonheur d’être publié, je pense que je m’interdirai de commenter des critiques, même si elles sont bonnes… ce qui ne m’empêchera pas d’envoyer éventuellement un mail de remerciement à l’auteur ;) J’aurais trop peur de mélanger les genres.

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