Chose promise, chose dûe. Voici, rien que pour vous, quelques extraits.
Extrait n° 1 (chapitre 17) : Lorelei est toujours avec le conseil des Abysses, au coeur des abysses du monde kyrien. En discutant avec Laerin, le chef du conseil, elle en vient à douter de Marog Beren (l'ancien chef des chevaliers d'Ebène). Laerin trouve donc l'alternative idéale pour s'assurer de son soutien : il le transporte directement au coeur des Abysses. L'extrait raconte donc cette scène où nous retrouvons Marog, Laerin, Lorelei et Amaya.
— Je ne saisis pas. Qu’est-ce-que je fais ici ?
— Ne te rappelles-tu donc de rien ? — J’avoue que non, je ne vois pas du tout qui vous êtes, répondit Marog, un brin d’agacement dans la voix.
— Nous sommes dans les Abysses, Marog, intervins-je.
— C’est une plaisanterie ?
A nos têtes, il comprit que non.
— Elles existent donc vraiment…
— Evidemment, se raidit le vieux sage. As-tu donc oublié ?
— Que voulez-vous dire ? m’enquis-je, surprise. Il est déjà venu ici ? m’adressai-je directement à Laerin.
— Hm, réfléchit-il, je constate que je vais devoir reprendre dès le début. C’est affligeant. Bon, eh bien, puisqu’il le faut.
Il prit une grande inspiration et s’apprêtait à commencer lorsqu’Amaya apparut à son tour à l’arrière de la pièce.
— Par Osgath tout puissant, que fait-elle là ? dit-il, ahuri.
— Blasphème ! éructa-t-elle. Sais-tu, misérable cloporte, que celui que tu vénères est en partie la cause de tout ceci ?
Son visage s’était durci, ses yeux avaient viré au noir de jais. Elle avança, menaçante et je m’interposai.
— Quel camp as-tu donc choisi ? Ne vois-tu donc pas ce qu’il cherche ?
Extrait n°2 (chapitre 17) : On retrouve ici Almar et ses deux compagnons, Yavan et Ysatine. Les deux nains, Noran et Figan, se sont dirigés vers Khez Adar, pour ramener des vêtements passe-partout afin de poursuivre leur voyage. En les attendant, le trio patiente dans une clairière et en profite ainsi pour se reposer. C'est au tour d'Almar de faire une pause.
Je ne trouvai pas le sommeil. Les bruits aux alentours éveillaient mes sens, déjà en alerte depuis que Maro’rk ne cessait de marmonner parce que je lui avais refusé le droit d’observer nos deux tourtereaux. L’endroit paraissait calme et de ce fait, le moindre bruissement de branche ou le moindre craquement m’interpellait. C’était sans doute le seul avantage de ma possession. Au moins, je redoublais d’attention.
Un sifflement nous sortit soudain de nos états de relâchement. Aussi vite, je rejoignis Yavan et Ysatine. Nous nous tînmes en silence, cachés derrière un épais buisson. Le sifflement se fit plus grave, comme un râle. Peut-être une bête blessée, avait fait remarquer Ysatine. Non, avait rétorqué Maro’rk dans ma tête. C’est un être humain, avait-il conclu. Je savais fort bien que je pouvais lui répondre à haute voix mais je ressentais une gêne à le faire. Encore plus en ce moment où la tension était à son paroxysme. Qui pouvait bien s’approcher de nous à cette heure ? Figan et Noran, certainement, mais je ne reconnaissais pas ce bruit rauque. Nous n’avions d’armes, hormis celle que je portais en moi. Le visage d’Ysatine arborait une mine grave et inquiète. Celui de Yavan, plus neutre. Quant au mien, mieux valait ne pas y prêter attention. Mes traits déformés par la fatigue et les bassesses mentales de mon invité forcé ne laissaient présager rien de réjouissant. Subitement, nous entendîmes des voix, encore indistinctes mais suffisamment audibles pour constater qu’il s’agissait bel et bien d’êtres vivants. Ysatine tremblait de tout son être tandis que Yavan et moi tentions d’échafauder un plan digne de ce nom.
— Peut-être devrions-nous les prendre à revers, proposa Yavan.
— Bonne idée, mais je te rappelle que nous n’avons pas d’armes avec nous, lui fis-je remarquer.
— Très juste, j’avais oublié ce détail, sourit-il nerveusement.
— Je préfèrerais que l’on reste caché ici, objecta Ysatine. Nous ne sommes pas armés et nul ne sait ce qui nous attend, conclut-elle.
Les voix se firent plus nettes, et d’un coup, la tension retomba. Nos deux compagnons revenaient vers nous mais Figan ne semblait pas être au mieux de sa forme. Extrait n°3 (chapitre 17) : Pendant que Laerin discute en privé avec Marog, Lorelei est emmenée en ballade par Emar, un des membres du conseil. Il brave d'ailleurs l'autorité de son chef pour que Lorelei puisse savoir ce qu'il advient d'Almar. Nous retrouvons donc notre héroïne, dans la même clairière que l'extrait précédent, sauf que personne ne peut la voir.
Devant mes yeux se trouvaient trois jeunes gens. Je ne distinguais pas leurs visages mais je les reconnus sans difficulté. Yavan, Ysatine et Almar se tenaient là devant moi, à quelques pas à peine. Une envie soudaine de courir vers eux se manifesta et je dus la réprimer, puisque rien n’ici n’était envisageable. Je m’approchai pour les écouter et je pus contempler l’impensable trio de plus près. Mon cœur battait la chamade. Almar était bel et bien là. Il ne semblait pas avoir changé. Cependant, il n’avait pas bonne mine. Ses yeux cernés et son teint blafard me firent penser que leurs dernières heures avaient été mouvementées, ce que me confirma Emar.
Je n’avais qu’une envie : le prendre dans mes bras, le serrer de toutes mes forces. Je ressentis en cet instant un immense sentiment de culpabilité. Je ne pouvais oublier Marog pour autant. Quel dilemme ! Un cœur pour deux hommes. Une femme pour deux amours et pourtant, un choix s’imposait. Je ne pourrais plus faire semblant longtemps. Un jour ou l’autre, ils m’obligeraient à choisir. Si ma route n’avait pas croisé celle du chevalier, jamais je ne me serais fourvoyée de la sorte.
Je m’approchai encore. Plus près. Au plus près. Je humai son odeur. Je touchai sa peau. Il sursauta. Était-ce possible qu’il m’eut senti ? J’en doutai. Néanmoins, il tourna la tête comme s’il cherchait d’où provenait la sensation que j’avais également ressentie en le frôlant. S’il avait seulement pu savoir que j’étais là…
Emar s’amusait à courir partout, tandis que je détaillai l’homme de mes pensées. Ses cheveux courts en bataille sollicitaient mes mains, tandis que les siennes ne demandaient qu’à serrer les miennes. Pourtant, il ne savait pas que j’étais là. Ce que les nécromantes racontaient à son sujet était-il vrai ? L’esprit du fils d’Askaath l’imprégnait-il donc ?
Nous ne sommes pas seuls, me glissa Maro’rk. Je lui demandai discrètement de quoi il parlait. Il me répondit exactement la même chose. J’avais pourtant bien compris ses mots. Seul le sens m’intriguait. Quelqu’un nous observe, rajouta-t-il. Où ? Qui ? Hormis nos deux amis qui venaient d’émerger des fourrés, il n’y avait personne d’autre que nous. Je le sens, quelqu’un nous observe, dissimulé dans le temps. Que veux-tu dire par dans le temps ? demandai-je en chuchotant.
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